Tout le plaisir de s’identifier à une personne d’un monde connu, à l’abri des mystères, une simple étudiante, une ville paisible ensoleillée. Une musique qui embrasse une lenteur, une lourdeur dans le sentiment, la puissance simple d’un coeur qui vibre à l’écoute des émotions, du corps, du ventre, de la tête, le féminin vibrant avec le masculin, une inquiétude qui brûle dans l’amour, qui brûle d’autant plus que le féminin et le masculin prennent le risque de se confronter, d’assumer une différence, de laisser du temps pour que les choses progressent en douceur et de laisser le feu s’embraser dans les coeurs. Sur un autre thème, la mélodie part de l’inquiétude, l’enrobe, joue avec elle, se libère de la peur, y revient et la quitte de nouveau, choisissant de lui apporter une prestance pour mieux l’accepter.
L’incursion de la logique dans une scène qui semble se dérouler suivant un scénario.
À force d’endormissement, on se voit errer où on ne veut pas forcément aller, et on peut y rencontrer une réalité où d’autres sont endormis dans la leur. Pour aller vers ce qui fait sens, il faut accepter d’aller rencontrer la réalité, celle des pauvres, des gens qui habitent à la lisière, d’explorer l’environnement en entier, comme si certains endroits représentaient l’inconscient, le lieu des refoulements, des mises à l’écart et matrice, conditions d’existence, d’endroits qui nous semblent plus familiers.
La mort singée sur son visage. Le clown se moque des conditions, de la normalité. Il ne parle pas à nous directement, peut être que les convenances, les apparences, l’être social, ont cadenassées le terrain des relations, mais à un nous logique, enfantin, capable de parodie, de voir quelque chose qu’il ne comprend pas avant de trouver le moyen de comprendre. On semble être pris dans 2 dimensions en même temps. L’habit rouge est un signe pour parler à un nous dans une autre dimension, une parole cachée dans le monde, dissimulée par peur peut être, baillonée par la voix de certains. Il prévient que quelque chose se cache sous la normalité qu’il faudra déjouer, et qu’il faudra être alerte à la peinture, la couleur qu’elle peut avoir un rôle dans l’histoire, qu’il faudra rester un enfant ébahi devant un avion, jouet d’un autre temps, tout en sachant que ce n’est qu’un décor. Est ce que cette couleur jaune est celle du crépuscule? L’heure où la chaleur va être transformée, va laisser place au froid. À travers l’absence d’explication, on imagine un secret caché dans le monde lui même, dans un point de vue différent, dans un endroit particulier du monde. Malgré le drâme, on ne peut oublier l’esprit de jeu, que les habitants inconscients du drâme gardent le plaisir de jouer, de se jouer des inspecteurs et par la même occasion de nous, de nous embrouiller. Dans ce jeu, toutes les règles sont imaginées et incarnées par la personne même, une façon de résister, de résister aux attentes de l’autre. Cette façon de s’incarner est une réalisation dans la matière, arpentant un chemin, parallèle au sexe, vers un autre monde, un monde qui n’est pas l’idéal vendu par la société, qui n’est pas un idéal de jouissance, mais dans son négatif, dans la désolation.
Le reflet sur la caravane, la lumière qui émane de l’intérieur, nous placent dans le temps et l’espace, sur un chemin qui se déplace avec la position du soleil, qui mène dans une impasse, vers ce qui dépasse celui qui l’emprunte. Est ce que l’inspecteur incarne cette pensée qui dans son égarement a trouvé quelque chose, suspecte quelque chose, et qui pénètre par le corps le monde de l’image, la photo vulnérable au brouillage, à la dépersonnalisation?
Dans la voiture une présence, et elle ne tient à rien, un élan, une concentration, une présence dans l’éther et cette proximité est terrifiante. Elle voit l’envers des paroles, se cache, n’est pas avec l’autre mais derrière ce qui est pour l’autre. L’homme est vulnérable à l’invisible, à un simple effet, à un regard malveillant dont il n’a pas conscience qui cache sa présence, se cache derrière le regard d’une caméra, et qui s’amuse de mettre un signe pour que l’homme regarde le signe sans voir la présence derrière qui croise son regard. La perception de la réalité se fait par couches, la réalité suggérée par une couche iréelle, et le signe s’amuse de nous voir en dehors de la réalité, car si on le reconnait c’est qu’on n’est pas avec l’autre, qu’on est tenté par la distance et peut être par le mal, la jouissance d’être absent à l’autre, et de pouvoir lui faire une farce, et peut être se jouer de lui jusqu’à la manipulation.
À l’inverse, par moment des fantômes comme venant du passé surgissent, la grand mère, un enfant turbulent, ou plutôt des inconnus devenus des images persistantes, introduisant un sentiment de bizarrerie à ne pas comprendre, celui de faire partie d’un rêve, de nous ramener à la conscience d’un enfant qui accepterait et apprécierait cette étrangeté, sans chercher à dénaturer la magie. Le film nous ramène à cet état d’avant les explications, à notre contact direct avec les images, à cette sensibilité première, qui peut être évacuée par la routine des adultes, à l’interrogation face aux gestes d’une personne sans l’explication de la gravité ou du fonctionnement du corps. Il nous rappelle l’énergie possible du visuel dans la façon de chacun de sentir les choses, de laisser les choses arriver, les idées surgir sans connaître l’origine.
Parfois l’image semble se figer. Est ce le moment où il faut faire attention, se rappeler, voir l’association faite dans sa tête, dans la tête de Laura, de l’extérieur de la maison et la peur de ce qu’il se passe à l’intérieur. La personne exclue du mouvement, s’accapare la liberté sur le film de prendre du recul, s’immobilise et interroge une relation avec le décor. Le film ne s’accapare pas le regard du spectateur, qui se solidarise à lui et décide de l’entraîner dans son exclusion. Néanmoins, parfois, l’immobilité d’un décor est perturbée par l’apparition de fantômes au comportement dénué de sens, de la même façon que certaines personnes semblent agir avec cette même opacité. Le spectateur voit sa propre mort cérébrale, son propre manque d’intelligence à certaines occasions, singée par des personnages inconnus au comportement explicitement absurde. Il prend aussi conscience de son immobilité devant l’écran. On déciderait de figer l’image pour laisser l’imagination prendre le relais du mouvement, se laisser un temps, libre de sortir du regard de l’autre et regarder autrement. Il y a un effort à ne pas considérer une image familière comme dénuée de mystère, de ne pas se laisser tromper par l’apparence, et d’abord chercher en soi une résonnance, une compréhension, un questionnement. Dans l’immobilité, on se retrouve dans une ambiguité où on perçoit mieux la réalité hors du contexte immédiat, son appartenance à un imaginaire, une histoire possible, un lieu pouvant garder voire entretenir un lien avec une personne absente, ou même morte. En arrêtant de voir le décor dans son propre mouvement, on peut essayer de l’imaginer dans un autre contexte. Sous un certain angle, quand on ne s’intéresse plus qu’au seul signifiant, on voit les choses hors de soi, de ses propres conceptions, et on peut s’imaginer comme partie de plus grand. On voit des choses du quotidien de façon nouvelle. On prend plaisir à se voir, avec son amertume, son ignorance, sa vulnérabilité, son aveuglement, à se voir choisir de se perdre dans la réalité des autres, comme Laura perdue dans une réalité fragmentée faite de plusieurs autres hommes, qui absorbe le pire de chacun, la peur de l’un, l’arrogance d’un autre, la fatalité et le tragique d’un autre, la négligence de soi d’un autre. On voit Laura hébétée ou horrifiée, et on se voit aussi hébété devant ce qu’on ne comprend pas, sidéré par la violence, par des réactions humaines incompréhensibles.
Le fait de modeler la vie suivant l’imagination fait parfois glisser la conscience dans le rêve éveillé où nous sommes vulnérables aux démons qui peuvent surgir dans l’imaginaire, démons qui peuvent être des illusions ou parfois être des résurgences d’une réalité refoulée.
Réminescence de la réalité, d’une dispute, dans le refuge que représente le film, aussi celui du rêve ou d’une discussion imaginée qui perd sa force protectrice. On prend conscience de sa fragilité en prenant conscience de la fragilité de la vision de son propre monde, qu’elle est en retard sur la réalité, qu’elle n’est déjà qu’un rêve.
Réminescence de la guerre, quand le père pense réussir à construire une bulle pour protéger sa fille, il triche et perd ses moyens quand il doit faire face à ses propres mensonges. Est ce une dualité héritée d’une adolescence non digérée qui se transmettera comme une malédiction dans le comportement de sa fille? Les réminescences terrorisent les personnages, avant de terroriser le spectateur. Ces images étranges sont des expressions qui émanent des personnages, et ont les traces de leur imaginaire, plus qu’une stylisation du réalisateur. Elles ne sont pas l’objet d’un contrôle du réalisateur, mais sont captés par son oeil, et surgissent sans prévenir de façon inintenionelle.
Quelque chose de surprenant, dissonant, pas forcément logique, et la musique confirme que non ce n’est pas une erreur, ce bizarre n’est pas qu’une impression.
Une personne qui semble bouger l’esprit déconnecté du corps, ou alors est-ce une interprétation de la musique qui m’échappe. Cette étrangeté dans un endroit inconnu, peut signaler un danger, comme une grimace faite à quelqu’un d’autre, comme si quand on ne peut retrouver le chemin vers la vie, on ne peut que gesticuler de façon incontrolable, ou comme si devant l’étrange on reprenait conscience de la particularité de sa connexion à son propre corps. N’appartient il pas à une projection visuelle du petit monde personnel de Laura, qui perd le contact avec la réalité de son entourage, réalité qui semble parodique tant les gens semblent se comporter de façon incompréhensible. Le nain pourrait être un symptôme de la perte de l’enfance.
Il y a une vraie beauté à représenter l’inconscient dans une couleur rouge, qui rappelle la douleur, la présence d’une créature au sang chaud dans le monde, qui résiste à l’utilisation d’un noir plus traditionnel et mortifère. Est ce le résultat de laisser à certaines pensées un espace imaginaire où elles peuvent prendre vie et évoluer d’elles mêmes? Ce rouge n’est il pas plus ancré dans la couleur du paysage, connecté à la lumière du jour? ancré dans l’imaginaire des habitants de la région, plus qu’un imaginaire religieux séparé du réel.
Le son semble exprimer plus que l’image. L’ambiance, l’intangible devient l’acteur principal, et offre un support aux émotions, leur apporte une couleur.
Cette musique semble protéger notre propre bizarrerie du refoulement, et ainsi nous libérer de l’exigence étouffante d’une pensée rationelle. L’absurdité est une forme assumée pour préserver ce qu’on ne parvient à expliquer avec des mots, comme le sombre attachement à ce qui devient désuet.
La musique laisse deviner l’ambience de la vie dans cette région, un ennui, une tranquilité qui pousse à la non chalance, au glissement lent vers le bizarre, à l’infiltration de la peur, aussi une certaine amertume à devoir composer avec sa propre laideur, une désinvolture à s’accoutumer à l’ombre, hors de l’histoire, dans les interstices d’un montage cinématographique. De ce point de vue on peut croire n’observer qu’une caricature d’histoire d’amour adolescente, dont l’innocence se déforme en présence d’un regard déjà perdu, où un protagoniste objet de toute attente, prend conscience d’une représentation qui lui est étrangère, cède et devient spectatrice d’elle même.
Il y a une réelle liberté à embrasser l’ombre, ce qui est communément exclus du cinéma, avec un enthousiasme enfantin à faire une découverte et par là même se découvrir, gardant en réserve les armes de l’artiste. Le danger serait-il d’erroder la réalité par le regard au point de lui soustraire sa réalité et sa beauté. Sentir cette vulnérabilité apporte une responsabilité dans notre regard. Cette liberté permet de déceler une forme qui exprime l’objectivisation du père, sensé être responsable, dans une sorte de comédie familiale, et qui ne voit pas dans son regard rigide, sa fille sombrer intérieurement. L’enfer peut être reconnu comme ce sol répétitif que l’on arpente de plus en plus quand la solitude envahit la vie et réduit la réalité en un espace iréel où les personnes ne sont que des ombres projetées sans âme.
Dans sa colère, le père perd conscience de lui même, perd le regard, possédé par une signification, un déclencheur du passé, de l’extérieur, l’incapacité à voir sa fille comme une image intouchable, l’image des autres.
Parfois l’esprit est tenté de se laisser aller à la neurasthénie, les yeux baissés éblouis par les lumières du monde qui effleurent son visage, quand l’activité du monde n’est plus qu’un bruit de fond qui ne l’atteint plus, dont il n’a que hâte d’en échapper pour en trouver un autre, essayant de garder la foi en une capacité à survivre à l’épreuve qui lui échappe pour le temps nécessaire.
On voit un poteau dans le ciel, qui s’impose dans notre espace, notre champs de vision, dont l’utilité nous échappe et dont on se méfie, délimitant un espace ésotérique, artificiel pour un but égoiste abstrait qui nous exclut, comme un arbre qui a été transformé en une chose bizarre, laide, détournée de sa nature par quelque force maléfique. Le spectateur retrouve dans ces images de tous les jours, une invitation à une interprétation personelle en rapport à son histoire, une force possible, pas forcément bienveillante, mais qui n’a pas été confisquée par dieu et le pouvoir en place. La réalité est mouvante, et on peut chercher à l’embrasser en s’immergeant en elle au lieu de succomber à la tentation de fuir.
Dans la mythologie, avant de se confronter à l’énergie féminine, il faut d’abord passer une épreuve, se confronter à ses propres démons, perdre le contrôle, pénétrer l’antre du mâle redouté, où l’ingénuité ou l’ambition n’ont pas leur place, soumis au rituel au milieu de prétendants pas moins valeureux, cherchant un rôle qui donnerait une chance à l’autre de se trouver, en assumant sa part dangereuse auprès de qui une femme courageuse risquera sa perte à trop s’en approcher, où une femme éprouve de façon cynique l’homme face à ses instincts. Les enjeux de Laura ne sont pas ceux de Donna, pas de détruire l’image d’une femme traditionnelle, pas de lui montrer la vie comme elle la voit, pas de lui détruire la foi, mais plus un exercice à elle pour la retrouver.
Est ce si difficile quand on a déjà laissé derrière, la vie de celui qui a essayé d’approcher par la déduction en tant que détective et qui s’est perdu face à des forces qui lui échappent en s’aventurant, peut être par orgueil, sur leur domaine en suivant des traces obscures?, comme une personne froide ayant une trop grande foi en la droiture et l’intelligence comme moyen pour éclairer les zones d’ombres des pauvres délaissés, et qui depuis sa position ne voit plus qu’abstractions et surnaturel.
À la fin, le mal libéré bute sur une réalité où il dévoile son absurdité. Il s’est assouvi, faisant de sa victime son jouet, mais le perdant par la même occasion. La victime a été libérée de son lien de souffrance avec le monde, sa fin s’inscrivant dans quelque chose qu’elle peut regarder de loin avec quoi elle peut s’accorder, quelque chose de plus grand qu’elle et qui ne finit pas avec elle. Celle qui a été au croisement des illusions de plusieurs hommes s’est perdue dans ces jeux de miroir. Le sacrifice appelle à une confiance que le monde contiendra alors des traces qu’un enquêteur pourrait suivre.
Le film fait de l’enfance, l’adolescence, le lieu d’une sorte de terreur familiale, le fait de se retrouver jeune démuni face aux névroses familiales, capables à tout moment de déborder sans contrôle, de se retrouver sans arrêt face à l’absurdité, la vie normale à l’extérieur toujours menacée par la famille.
Malgré les failles dans la vie de chacun, les souffrances des personnages, les signes de douleurs ne résument pas les personnages mais les traversent sans contrôle. Au delà de leur faiblesse, on décèle chez chacun une valeur, un idéal, une personnalité, une force, et la forme qu’elle prend est parfois l’objet d’une surprise innoportune. La réalité résiste à la forme visuelle, au respect télégénique. Ainsi on se sauve d’une ignorance désincarnée qui fantasme une réalité qui n’existe pas. Peut-être y-a-t-il un risque à la caricature, du père par exemple, le risque d’explorer par l’empathie une réalité faussée par le regard même. C’est dans la liberté visuelle que le film donne une voie, dans la confrontation aux démons, aux archétypes que l’inspiration se concrétise dans la réalité. Il y a un corollaire qui est fait entre l’illusion que se forge les personnages, et les envolées visuelles délirantes à la hauteur de la fausseté et de l’artificialité de l’illusion. Laura ne provoque pas son père directement, mais son père voit son potentiel, et finit par voir se concrétiser le fait que Laura provoque la vie, se risque elle-même, et réveille ses propres démons, le refoulement face à la sexualité réprimée de sa femme. Peut être que cette provocation est sa façon de se sentir vivante héritée de la façon dont sa famille vit artificiellement en donnant forme à leur névrose, en créant de leur névrose une illusion de relation. C’est ainsi qu’elle se moque de Mike, amoureux de façon traditionnelle.
Mike en respectant sa conception traditionnelle, ne voit pas la réalité de Laura, sa solitude à être vue comme une poupée, devenant un objet à fantasme, sans arme pour affronter cette réalité autrement qu’en s’en échappant dans la drogue. Le respect des normes ne peut la sauver car c’est dans cet aveuglement que son enfer a pris forme. Le film rapproche dans ses images un fantasme kitsch à la saleté et la mort.
On pourrait croire que Laura consciente du dessous des apparences aurait un rôle pour remettre les choses en ordre, qu’elle poussera chacun à une conscience plus aigue de sa condition, mais la conscience ne rend pas plus libre.
Il y a comme un accès à l’imagerie du mal dans Twin Peaks mais à travers des questionnements sensibles du quotidien. L’ouverture de l’imagination au côté sombre devient une forme de résistance pour prendre conscience de soi, et l’illusion est assumée et rend compte d’une réalité. L’imagination n’est plus un outil de persuasion du film pour berner le spectateur. Elle est un outil dans la vie, qui permet aux personnes d’accéder à leur émotions, de leur donner forme, de constater le côté fabriqué et fragile, dérisoire de ses illusions.
Parfois on semble accéder à un autre monde, et ce monde pourrait être la version non refoulée de la réalité, non censurée par la société, dont on peut se défendre en en dédaignant le désordre dans la décontraction du jazz ou dans l’humour absurde, pour ne pas se laisser envahir dans l’impuissance, le désespoir face à un événement tragique. Dans les refoulements, qui resurgissent par fulgurance de façon impromptue et incohérente, on atteint parfois un état d’hébétude face à la vie comme face à la télé, où on a perdu conscience de soi, et de son histoire pour se laisser embarquer, influencer par des images où vivent des créatures étranges dont l’épaisseur de l’existence est perçue par nous comme aussi fine que les images qui vivent dans un tube cathodique.